Comme le relate Wikipedia, l'hiver de 1709 appelé Grand hiver de 1709 a marqué les
esprits car une famine s'était développée suite à cet épisode hivernal. Cet épisode a frappé toute l'Europe et le jour de l'Épiphanie 1709, une brutale vague de froid
frappa toute l'Europe.
Plutôt que de longs discours, mentionnons ce relevé des températures à Paris en janvier 1709, fait par
Louis Morin.
Relevé des températures à Paris en janvier 1709 (source Wikipedia)
(cliquez sur la vignette)
Comme on peut le constater sur ce graphique, le gel dura du 6 janvier au 24 janvier. un front chaud atteignit alors la région et la température redevint positive le
25 janvier où il fit 7,5 °C.
Le témoignage de l'abbé Ayrault, curé de Saint-Cyr-du-Doret (17)
Il existe de nombreux témoignages de ce grand froid, certains compte-rendus d'époque sont répertoriés sur la page Wikipedia citée ci-dessus.
Comme beaucoup, l'abbé Ayrault, curé de Saint-Cyr-du-Doret (17), a voulu apporter son témoignage, et, comme souvent lorsqu'un curé voulait laisser une trace écrite de son
témoignage sur un événement marquant de son époque, c'est le registre paroissial de Saint-Cyr-du-Doret (AD17 Saint-Cyr-du-Doret BMS 1668-1724, vues 106-107/237) qu'il
choisit pour écrire son ressenti. Voici son témoignage :
Le témoignage de l'abbé Ayrault sur le grand froid de 1709 (AD17 Saint-Cyr-du-Doret BMS 1668-1724, vues 106-107/237)
(cliquez sur la vignette)
Le sept janvier mille sept cents neuf
il commança un froit si grand et si
violant qui dura un mois à cinq
semaines toujours de la même force
et violence. Le cinquième jour qu'il commença
il tomba de la neige qui couvrit la
terre d'un pied[2] de haut. Et la nege
dura autant que la violence du froid
qui fut si grand qu'il a fait mourir
tous les noiers[3], presque tous les
châtaigniers, les peschers, les abricotiers,
beaucoup de pruniers et fait mourir
toute la vigne qui n'étoit point
couverte de nege. Et a fait mourir
tous les genêts, les ageons[4], les houx
et un infinité d'autres arbres, a fait mourir
toutes les orges, toutes les avoines d'hiver
et presque tous les froments et les seigles.
Les bleds sont devenus chers et l'auroient étés
davantage mais dieu bénist les baillarges[5] que
l'on fit au printemps qui produirent à merveille.
On a remarqué que des noiers qui avoient plus de
deux cents ans sont tous morts par la violence du
froid, marque qu'il ne s'en étoit point fait un si
grand depuis si longtemps... On voioit les
oyseaux mourir devant soy, se jetter en les
maisons. Les étourneaux, les merles, les
pinsons, les allouetes se laissoient prendre
à main et mouroient entre les mains ; les perdrix
surtout les rouges périrent presque toutes.
Les poissons dans l'eau périrent également.
Ce sont les choses que nous avons vécu et
que nous reportons comme témoin.
Après le grand froid violent, un petit dégel de
deux à trois jours fit fondre la neige c'est-à-dire
après six semaine de froid ; après le dégel le
froid recommança encor et fit plus de domage
à nos bleds que le premier parce qu'il ni avoit plus
de nege, et dura bien fort trois ou quatre semaines
Sil nomin domini benedictum[6] le 8 avril 1709.
De plus dans le mois de juillet 1709, il se fit un
vent si violent comme un voragant[7] qui renversa
les bleds, brusla la paille et fit périr le grain
du froment et fit égrenner les orges, causa de
grand domages.
[1]On retiendra la mémoire de cet événement pendant de nombreuses années.
[2]
Cette ancienne unité de mesure valait un peu plus de 30 cm. L'unité anglo-saxonnne actuelle a sensiblement la même valeur.