En 1920, Jules GAUVIN a rédigé un carnet de guerre d'après les notes qu'il avaient prises lorsqu'il était au front. Celui-ci a été numérisé aux Archives Départementales de la Vendée sous la cote 1Num1_190/6 et peut être lu ici. Je l'ai entièrement retranscrit et annoté ci-dessous.
Après avoir fait trois ans de service actif au 64ème régiment d’infanterie à Ancenis comme musicien, une période d’exercice de 28 jours au 137ème à
Fontenay le Comte en 1900, une deuxième période en 1903 et une période de 9 jours au 84ème Régiment territorial en 1908.
Croyant tout mon service militaire fini mais malheureusement cette terrible guerre éclatat contre l’Allemagne et l’Autriche Hongrie ; le deux août 1914.
Le 31 juillet les cloches sonnaient et le tambour battait annonçant la mobilisation général et le trois août 1914 il a fallu partir à Fontenay rejoindre le
84ème territorial à l’âge de 41 an.
(Comme les mobilisations n’étaient point mal faite !… nous autres classe 93 il a fallu partir le deuxième jour et la classe 94 est parti cinq semaines plus
tard) enfin bref le lundi matin trois août j’ai fait mon petit baluchon dire à Dieu à sa famille avec le cœur bien gros : enfin parti par voiture avec les
autres camarades à Fontenay.
Nous y sommes arrivé vers huit heures du matin, nous avons casser une croute après cela chacun c’est mis à la recherche de sa compagnie, car chaque
compagnie avait son cantonnement ; moi la mienne la 10ème etait aux Jacobins.
Là nous y sommes rester jusqu’au 11 pour s’habiller, s’équiper, formation de la compagnie et même un petit peu d’exercice, moi je n’y suis pas aller : mais
je faisais de l’exercice de brancardier comme ancien musicien, enfin le 11 à 8 heures du matin nous allions embarquer, comme destination (garde côte que
l’on nous disait) nous sommes aller jusqu'à Nantes, là nous sommes descendu du train, traverser la ville (par une grande chaleur il faisait) pour aller
cantonner à Pont Rousseau.
Là nous y sommes encore rester 7 jours pour la formation de la division nous y étions même les 4 régiments 81, 82, 83 et 84ème. Pendant ces 7
jours faire encore de l’exercice ce qui était bien utile ; moi je restai avec les majors pour soigner les malades ; là notre destination me paraissai bien
changé c’était la direction des boches que je voyais que nous allions prendre ; mais moi qui me voyai un cas pour m’empêcher de partir cela me faisait
réfléchir ?… alors le 15 au soir je me fais porter malade (jour de l’Assomption) reconnu et même proposer de m’évacuer sur Fontenay, moi qui n’en demandai
pas plus : vu que huit jours avant la mobilisation j’avais eut mon gros doigt de pied écraser par une jument de sorte que mon ongle ne tenai presque plus
et j’avais beaucoup de peine pour marcher avec des souliers ; enfin le lendemain matin le major me dit il faudra peut être bien que vous veniez jusqu’à
Paris avant d’être évacué comme il n’y a qu’un détachement d’évacués tout les trois jours, enfin il s’est arranger de sorte que le 18 il ma évacué sur
Fontenay et les camarades partaient ce même jour sur Paris pour y passer encore quatre à cinq jours et ensuite sur les frontière de Belgique, tandis que
moi j’étais de retour à Fontenay pendant deux mois et demi jusqu’au 3 novembre.
Pendant que j’étais de retour à Fontenay vers la fin du mois d’août ce pauvre 84ème a reçu un rude échec à Tournai : en prisonniers, blessés et
tués et obligé de battre en retraite aussi chaque jours il y en avait qui retournai à Fontenay vu qu’ils avaient perdu le régiment ; les un était en
civile, les autres moitié civile moitié militaire et tous exténuer de fatigue !… c’était un beau tableau (Quel vaine que j’avais eu d’être évacué).
Pendant mon séjour à Fontenay je couchai à la Remonte ; toute les semaines il y avait des départ pour le front car il fallai des hommes de toute part pour
boucher les trous, et aussi nous autres territoriaux ceux qui étaient apte, il nous envoyai aussi bien dans les régiments d’actif ou de réserve, comme avec
les territoriaux : Joffre avait dit qu’un homme était un homme.
Aussitôt que mon pied a été guéri vers la fin d’octobre ; j’ai été porté mobilisable, il y a eu un départ pour le 84ème le 3 novembre et j’en
est fait parti.
Le 1er novembre jour de la Toussaint ma femme était venu me voir et moi je ne croyai point mon départ aussi proche ; car le lendemain matin il a
fallu se réquiper de nouveau ; mais pas tout à neuf comme au début, car les effets commençaient à diminuer, il nous faisait prendre les meilleur des
capotes de ceux qui restai, ainsi que des vieux sacs ; le commandant Dix nous disait qu’il finirai bien la campagne (seulement il se trempait un peu
beaucoup) et des vivres pour cinq jours.
Le 3 à 9h du matin rassemblement et à 10h départ, nous avons passé par Nalliers etc. le train n’allai pas vite nous avons eut beaucoup d’arrêt à Nantes, le
4 à Angers vu qu’il y avait beaucoup de trains qui attendaient il a fallu descendre et y couché, le 5 à 3h du matin reparti passé par le Mans, Rambouillet
arrêt pour prendre le café ensuite par St Cyr, Versailles par la grande ceinture de Paris, le Bourget là nous avons passé toute la nuit dans le train, le 6
à 4h du matin le train se remet en route passé par Creil arrêt assez long, là, dans le train nous avons peu voir que les obus boche avaient troués les
maisons, ensuite Clermont, Amiens, Auteuil[1] (près Doulens[2] : là nous avons
débarquer et commencer à enttendre tonner le canon (ce qui nous faisai bien plaisir) nous avons couché à Autieul ; le 7 à midi parti d’Autieuil à pied pour Saulty arrivé à
4h1/2 et couché, reparti le 8 à 8h du matin pour Dainville arrivé vers une heure de l’après midi et couché aussi, là nous n’étions pas loin du canon et enfin le 9 pour ce
fameux Arras (Pas de Calais) : le soir nous avons cantonner dans une caserne, le lendemain matin qui était le 10 j’ai été rejoindre mon ancienne compagnie la
10ème qui était sorti de tranchée et qui cantonnait au faubourg Rouville[3] : pas beau il y faisait dans ce Arras,
car les obus y tombaient et les ardoises volaient. Le 10 à 4h du matin il a fallu partir dans les tranchées pour la 1ère fois, c’est là que j’ai reçu le baptême
du feu et pour la première fois je les échapper belle, la marmite qui était sur mon sac à côté de moi a été traversé par un éclat d’obus. Quel mauvais temps il faisait
aussi ; de l’eau à volonté et aucun abri, car c’était que le début de la guerre de tranchée, chacun creusait un petit trou pour y mettre sa tête et avec
cela l’on se croyait à l’abri des obus ; heureusement que les grosses marmites n’étaient pas encore en action, les officiers se faisaient apporté des
matelas pour se coucher !… mais nous rien, et encore il n’y venait pas nombreux aux tranchées, ils restaient cachés dans les caves et à boire le vin bouché
(c’est vrai qu’ils ne l’on pas tout bu). Quelles belles caves de vin il y avait dans ce Arras et aussi des liqueurs. Nous en avons bien bu quelques
bouteilles nous autres aussi ; pour monter à la tranchée chacun remplisai son bidon et chacun deux bouteilles dans sa musette.
Comme nous étions encadré avec de l’active le 25ème et le 70ème et c’était même leurs officiers qui avait le commandement : eux ils
étaient pire que nous car du matin au soir ils étaient ivre, c’était nous autres les vieux qu’il fallait prendre la faction et les petits postes.
Quel spectacle il y avait dans cette plaine !… combien de pauvres malheureux étaient étendu dans des champs de betterave entre nous et les boches que
personne n’a peu aller les ramassés et qui ont été dévorés par les rats.
En plus de cela, les bonnes odeur ne nous manquai pas notre tranchée était auprès de l’usine d’équarissage en face la briqueterie. Le 12 nous sommes rester
aussi à la tranchée. Le 13 nous avons retourner au repos au faubourg Ronville pour deux jours, pendant ces deux jours les boches bombardai Arras que de
plus belle. Comme les habitants c’étaient à peu près tous enfui sans rien emporté : quel pillage il se faisait dans leur pauvre maison, l’un prenait une
chemise un autre une flanelle ou un calçon etc. tout le monde retirai le linge des meubles !… mais personne ne le remettai, c’était du joli dans les
chambres. Ah !… les boches n’ont pas tout fait le mal.
A cet époque notre ravitaillement n’était pas bien fort : mais dans les jardins il y avait encore un peu de légumes, dans les maisons un peu de provision
tout cela facilitait bien notre ordinaire : la lumière nous faisait aussi défaut !… mais tout à coup nous tombons sur une ciergerie ; nous en avons faite
une belle provision : quels baux cierges nous avons fait brulé : ce même jour nous étions cantonner dans une école libre, le soir nous avons fait une belle
illumination.
Le 15 nous avons repris les tranchées tout le jour et la nuit sous l’eau.
Le 16 nous sommes retourner au repos à peu près dans les mêmes cantonnements ; c’était dans les moments de repos ou nous pouvions aller faire aussi nos
provisions dans les caves, ce même jour nous avions enfoui dans le jardin une grande quantité de vin boucher pour faire de la réserve : mais à notre retour
de tranchée deux jours après !… plus rien : c’était bien des voleurs volé.
Le 17 retour à la tranchée ; au soir à la nuit une rude fusillade c’est déclancher, à force de tirer presque la moitié de nos fusils étaient enrayer ; nous
croyions bien que les boches nous tombaient sur le dos ; mais non ils étaient peut être pas plus fier que nous ; le lendemain matin il y avait aussi une
belle gelée pour la première. Dans ce temps là pendant la nuit les progecteurs et les fusées éclairantes n’étaient pas encore en vigeur : mais tous les
soirs les boches allumaient de beaux brasiers avec des obus incendiaires. De tous côtés nous ne voyions qu’incendies ; maisons, usines meubles de paille ou
de foin en flame.
Le 18 repos et comme il commençait à ne faire pas chaud, aussi nous faisions de bon feu car le charbon ne manquait pas il y en avait dans toutes les
maisons.
Le 19 aux tranchées : mais moi comme j’avais un peu de rhume je me suis fait porté malade et reconnu et aussi a bien dire j’en étais pas gourmand de la
tranchée : ce jour là il a tombé de la neige presque tout le jour, j’étais bien mieux auprès du feu à fricoter un peu.
Le 20 repos au faubourg Ronville, le 21 départ d’Arras pour Dainville qui se trouve à deux ou trois kilomètres d’Arras, nous sommes parti de bon matin par
un temps bien dur ; la route était recouverte de vergla à peine si l’on pouvait se tenir debout : nous avons eut le sac sur le dos presque toute la matinée
; pendant que ses Messieurs faisait le cantonnement (c’est bien le métier militaire). A peine couché nous avons eut alerte, vu le vergla il a fallu aller
jeter de la terre sur les routes pour faire passer l’artillerie et le ravitaillement. Le 22 repos à Dainville : mais comme la températeur avait changé un
peu, nous sommes retourner sur les routes ramasser la terre que nous avions mise dans la nuit et qui était comme de la bouillie ou vase.
Le 23 et 24 et 25 repos au même cantonnement seulement que les marmites ne tombaient pas loin de nous ; seulement que ses jours de repos pour nous reposer
ils nous faisait faire de l’exercice (ce qui était bien util) plutôt que de nous faire battre le blé qui était partout en meulle dans la plaine et dans les
bâtiments (les boches n’étaient surement pas aussi bête). Le 25 aussi j’ai reçu un petit colis venant de la maison il y avait peu être bien du tabac car à
ce moment la il nous faisait beaucoup défaut. Le 26 départ pour les tranchées à Agny le secteur n’était pas aussi mauvais qu’à Arras, le 27 repos en
tranchée de 2e ligne ; vu la pluie qui tombai tout les jours il n’y avait pas toujours gras à coucher dans les trous beaucoup s’écroulaient et
plusieurs y ont péri, le 28 en 1ère ligne, le 29 repos dans la tranchée (c’est cela qui était un beau repos) dans la terre les pieds dans l’eau
et l’eau sur le dos ; le 30 à la tranchée, ce qui fait cinq jours de suite auprès d’Agny sans tiré un coup de fusil sauf quelques coup de canon de part et
d’autre ; comme notre tranchée était un peu loin de celle des boches, toutes les nuits il fallait travailler et même le jour quand il y avait du brouillard
à en faire une autre plus avancer : c’était aussi le début de faire des espèces de cagnas avec des bois par dessus recouvertes ensuite de terre, il y
pleuvait plus longtemps que dehors.
C’était aussi du joli dans cet Agny ; nos cuisiniers étaient installer dans le pays, démolissant les maisons pour avoir du bois et même nous autres aussi
pour faire les abris : les officiers nous faisait apporté les lits dans leur cagnacs, des gerbes de blé pour les recouvrir ; auprès du pays il y avait
aussi une petite minoterie rien de plus pressé que de nous faire mettre les sacs de grains dans la rivière pour passer dessu.
Le 1erdécembre 2 et 3 retour au repos à Dainville ; la à Dainville les habitants y étaient à peu près tous, il y avait des blanchisseuses
ce qui n’était pas sans besoin de faire nettoyer notre linge, il y avait aussi des estaminets ou le soir l’on pouvait aller prendre une bistouille (du café
avec de l’eau-de-vie de betterave : car dans le Pas-de-Calais c’est un grand pays de culture de bêtes à sucre ; c’était aussi pendant ses jours de repos
que nous pouvions nous revoir les vieux camarades de Nalliers et prendre un verre enssemble (notre seul plaisir) et parler du pays.
Le 4 à 5h1/2 départ pour les tranchées à Bac-du-Nord[4] avec de l’eau à volonté : c’est là que j’en est
choper de beaux toto, il y était passé des Noirs avant nous qui nous avaient laissé un bon souvenir ; le 5 nous y sommes rester aussi.
Le 6, 7 et 8 occuper à nous faire des abris dans le remblai de la voie ferré entre Agny et Dainville le 9 repos à Agny, 10 dans les tranchées de repos, le
soir à 5h1/2 puis la tranchée de 1ère ligne, le 11 tranchée de repos mais au soir à 5h1/2 il a fallu reprendre la 1ère ligne, le 12 à
6h du soir retour aux casbacs de la ligne et frais nous étions !… impossible d’écrire comme nous étions sal, le 13 repos : mais moi de garde. 14, 15, 16 et
17 repos : mais il a fallu finir les cagnas : aller chercher des gerbes pour faire la couverture et d’autres pour coucher dessus : le 18 et 19 repos aussi
il s’est passé une rude cannonade sur Arras. Le 20 retour au repos à Dainville pour 4 jours : ce qui n’était pas de trop pour commencer à me débarasser de
ses sal totos qui commençaient à faire des petits. Le 24 de bon matin départ aux tranchées à Agny jusqu’au 28 ; pendant ses quatre jours quand ce n’était
pas le fusil qui était en main c’était la pelle ou la pioche, surtout le 25 jour de Noël, nous autres il a fallu faire un boyau pour conduire au petit
poste (tandis que les boches eux chantaient à tue-tête au son de l’accordéon) et pas chaud il faisait.
Le 28 à 6h du matin retour aux tranchée de la ligne le 29, 30 et 31 aussi. Là nous avons reçu du renfor la plus part d’eux était de la classe 92.
Le 1er janvier au matin reparti pour Dainville pour 4 jours de repos : mais tous les soirs un peu d’exercice ; le 5 janvier au soir départ pour
les tranchées d’Agny jusqu’au 9, pendant cette période dans la nuit nous commencions à voir des fusées éclairantes, quelque projecteur ; souvent dans le
jour les boches nous expédiaient des bals explosif. Le 9 à 6h du matin départ de la tranchée pour retourner à la ligne pour 4 jours ; le 13 à 8h soir
partie pour Dainville pour 4 jours. Notre régiment faisait la relève par bataillon : de sorte qu’il y avait toujours un bataillon en 1ère ligne
un bataillon en 2e ligne et l’autre au repos et jamais nous faisions la relève à la même heure et aussi tantôt le matin tantôt le soir.
Le 17 à 5h du soir départ pour la tranchée à Agny le 18 et le 19 aussi !… deux journées dans la neige sans abri même pas pour mettre nos sacs : ce qu’il a
fallu battre la semelle ; le 20 tranchée de repos, le 21 en 1ère ligne et pour nous sécher de l’eau tout le jour ; le soir à 8h départ pour la
ligne ce que nous étions frais pour nous couché ; heureusement qu’à Agny qu’il y avait des gerberies ou il y avait encore des gerbes, en passant chacun en
mettait une au bout de son fusil pour faire son lit ; le 22, 23 et 24 rester aussi ; avec cela cette neige n’avait pas adoucie la température et comme feu
rien. Le 25 reparti à Dainville au repos pour 4 jours comme repos les quatre jours nous avons été faire des tranchées en face la sucrerie.
Le 29 à 5h départ pour les tranchées à Agny jusqu’au 2 février, le soir à 8h retour aux tranchées de la ligne !… (ce qu’il faisait noir ce jour-là)
jusqu’au 6 , le 6 à 8h départ pour Dainville jusqu’au 10, le 10 au soir départ aux tranchées d’Agny pour 4 jours ; qu’elle dur journée celle du 14 au sujet
de l’eau ; du 14 au 18 au remblai de la ligne, le 19 à 4h départ pour Basseux arrivé le 20 à 7h, nous avons rester là cantonner jusqu’au 27. Le 27 à 6h1/2
départ pour les tranchées en face de Bellacourt[5] par un temps très froid accompagné de belles giboulées de
neige ; nous y sommes rester jusqu’au 1er mars à 11h heure de départ pour Bellacourt en 2ème ligne pour 2 jours ; là à Bellacourt
quoique pas loin des lignes nous pouvions nous ravitailler en vivre et en pinard ; le 3 mars à 6h retour aux tranchées de 1ère ligne pour 1 jour
!… Quel vilain boyeau il nous fallai passer pour arrivé à la tranchée (beaucoup de chevaux n’auraient pas voulu y passer). Le 4 mars à 8h retour à Basseux
au repos pour 4 jours pour y faire encore un peu d’exercice ; le 8 à 6h départ aux tranchées de Bellacourt pour deux jours ensuite deux jours en 1ère ligne ;
le 12 à 8h retour pour Basseux jusqu’au 16, le 16 à 7h départ pour Bellacourt pour 5 jours, le 21 à 8h retour pour Basseux pour 4
jours de repos, le 25 départ pour les tranchées jusqu’au 29, le 29 à 7h retour pour Basseux jusqu’au 2 avril, du 2 au 6 aux tranchées le jour de Pâques au
travail tout le jour en 1ère ligne pour faire des cabinets (un bon Pâques que j’ai passé pour le 1er) dans les tranchées c’était le
début pour nous des périscopes : seulement qu’il y avait déjà longtemps que les boches s’en servait ; le 6 au soir rentré à Basseux pour 4 jours, le 10
repris les tranchées pour 4 jours, le 14 retour à Basseux au repos pour 6 jours : mais moi le 18 malade et rentré à l’infirmerie de Basseux pour fièvre
seulement je n’y reste que 4 jours, le 23 je sort de l’infirmerie et comme la compagnie était partie aux tranchées de Bellacourt, j’ai été obligé d’aller
la rejoindre ; mais vu que j’était encore trois jours exen de service je ne suis pas monter aux tranchées pour cette tournée ; le 26 retour à Basseux
jusqu’au 2 mai, le 2 au soir repris la 1ère ligne pour 1 jour seulement, le 3 nous avons été relevé par le 27ème territorial et parti
pour Bailleulmont couché le 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 journée terrible sur Arras comme bombardement et jour suivant ; nous y sommes rester jusqu’au 18, pendant
ce temps du travail et de l’exercice : le 18 au matin nous prenons les tranchées à la maison brulé (dit Gastineau)[6] pendant
quatre jours ; une rude attaque c’est faite sur Neuville-St-Vaste [7], comme résultat beaucoup de pertes ; le 23 retour au
cantonnement à Bailleulmont jusqu’au 30, le 30 à 13h repris les tranchées de 1ère ligne pour 6 jours jusqu’au 5 juin, le 5 sorti de tranchée et parti cantonner
à Bailleulval jusqu’au 11, le 6 et 7 bombardement terrible sur Albert : pendant ce repos faire des boyaux pour changé. Le 11 à 5h du matin retour aux tranchées pour 6
jours en face Ronssard [8], le 17 retour à Bailleulval à 9h du matin pour 6 jours, le 23 nous reprenons les tranchées pour
6 jours, c’était une saison qu’il commençait à faire chaud et pour boire c’était le puit de la maison brulé qui nous alimentais, seulement qu’un beau jour l’on à
retirer du puit les débris d’un vieux et d’une vieille, lesquels avaient été jetés dans leur puit par des Français au début de la guerre vu qu’ils avaient
cachés des boches dans leur cave ; ce qui fait que nous autres nous avons bu longtemps sur la trempine !… une mauvaise période de tranchée nous avons passé
(beaucoup d’eau).
Le 29 à 6h du matin retour à Bailleulval pour 6 jours jusqu’au 5 juillet ; là à Bailleulval nous étions bien aussi pour nous faire nettoyer, avant de
partir à la tranchée je cheangeai de linge et le donnait à une blanchisseuse et à notre retour il était prêt (ce que j’ai continué à faire jusqu’au 10
février 1916). Nous trouvions aussi à nous ravitailler.
Le 5 juillet à 5h du matin repris les tranchées pour 6 jours jusqu’au 11 assez beau nous avons eut le 11 retour à Bailleulval pour 3 jours. Le 14 au matin
parti en tranchée de 2ème ligne pour faire des corvées en 1ère ligne le 17 aux tranchées de 1ère ligne pour 4 jours. Le 21
à 6h1/2 retour à Bailleulval pour 4 jours jusqu’au 25.
C’est à cette époque que nous avons changé de tenu. Laissé le pantalon rouge, pour prendre le bleu orizon. C’est aussi le début des permissions du front.
Le 25 à 5h parti à Gastineau pour 4 jours, le 29 parti en 1ère ligne pour 4 jours jusqu’au 2 août ; ce même jour à 7h retour à Bailleulval pour
4 jours : que de fois il fallait faire le sac et trainer le baluchon sur son dos, il aurait beaucoup mieux valu être chien.
Le 6 parti aux tranchées de 2ème ligne à Gastineau jusqu’au 10, le 10 et 11 en tranchées avancé de Gastineau et 4 jours à Berles aux Bois
[9]. Le 16 parti au repos à Bailleulmont pour 6 jours. Le 28 retour à Bailleulmont pour 3 jours, le 31 repris
les tranchées de Gastineau pour 3 jours, le 3 retour à Bailleulmont pour 6 jours. Le 9 septembre repris les tranchées à Gastineau jusqu’au 14
inclus, le 14 à 19h retour à Bailleulval jusqu’au 18 le 18 à 1h alerte parti à la tranchée de Berles aux bois en 2ème ligne pour 1 jour retour
ce même jour à 17h à Berles et pris la garde.
A ce moment là les Anglais arrivaient prendre un secteur auprès de nous et même devait toujours nous relevé nous autres aussi : nous sommes rester à Berles
jusqu’au 22, le 22 à 16h repris les tranchées à la Côte 147 jusqu’au 23, ce même jour retour à Berles et moi je prend la garde jusqu’au 24 à 6h.
Le 25 bombardement terrible dans notre secteur ; une division marocaine était venu faire une attaque et a pris Blerville[10]
(petit village au près de Bellacourt[11]). Le 26 la cannonade continue en Champagne, le général Castelnaud à fait 18000
prisonniers ; au Nord d’Arras 2300 prisonniers ; pendant ce temps nous nous occupons un fortin en avant de Berles pendant deux jours, le 28 retour aux cagnacs de repos de
Berles aux bois jusqu’au 30, le 30 à 3h repris le fortin pour 1 jour ; le 1er octobre retour à Berles aux bois pour 1 jour ; le 2 repris les cagnacs de
2ème ligne de Berles pour trois jours, le 5 à 10h repris les tranchées de 1ère ligne de Berles pour 3 jours, le 8 à 3h retour à Bailleulmont au
repos pour trois jours, le 11 à 6h retour à Berles en 2e ligne, le 12 à 6h parti aux tranchées de repos de Gastineau jusqu’au 16. Du 16 au 20 en tranchées de
1ère ligne à la sape en face Ronssard, le 20 au soir retour à Bailleulval au repos pour 4 jours, ensuite deux jours à Basseux, le 26 retour à Bailleulval deux
jours, le 28 à 6h retour aux tranchées en face Ronssard pour trois jours. Le 1er novembre à 7h parti au repos à Bavaincourt
[12] par un temps affreux !… ce que nous étions mouillé en arrivant à Bavaincourt ; les routes étaient
transformés en rivières. Là il y avait des personnes âgé qui n’avait jamais vu autant d’eau dans les rues ; nous y sommes rester quatre jours le 5 à 6h
départ pour retourner aux tranchées de 1ère ligne de Ronssard pour trois jours, le 8 à 6h retour à Gastineau en 2ème ligne pour un
jour, le 9 à 13h retour à Bailleulval jusqu’au 12 à 6h du soir repris les tranchées de Ronssard près la sape jusqu’au 16 par un temps toujours affreux si
bien que les tranchées les boyeaux et les cagnacs toutes éboulées, c’était du joli : ce que nous étions sal en arrivant à la tranchée ; ce qu’il a fallu
jouer de la pelle pour refaire tout cela et en plus de cela coucher sur le fumier ; il a aussi tombé de la neige pendant deux jours !… comme nous
grelotions ; le 16 à 9h du matin départ au repos (et pas facher de quitter la tranchée) à Bailleulval pour 4 jours ; nous avions quelque chose à faire
sécher ; le 20 à 6h1/2 départ pour Gastineau en 2e ligne pour trois jours, le 23 à 9h retour à Bailleulval pour 3 jours aussi ; le 26 à 7h nous
avons pris les tranchées de 2ème ligne de Bellacourt et par un temps très froid, du 27 au 28 très forte gelée. Le 29 à 8h départ pour les
tranchées de 1ère ligne de Berles pour trois jours et trois jour sous l’eau ; le 2 décembre retour au repos à Bailleulmont pour 3 jours jusqu’au
5 décembre toujours de l’eau. Le 5 au matin pris les tranchées de 2e ligne de Berles aux Bois et en bonne état les boyaux presque
anéantis, toujours corvées sur corvées dans les boyaux et sous la pluie le 8 à 4h du matin parti aux tranchées de 1ère ligne, obligé de passer
sur la plaine à découvert vu que le tout était écroulé ; pour 3 jours et trois journées affreuses ; Ah !… il n’y avait pas que les notre qui étaient
écroulés ; celles des boches n’étaient surment pas plus belles : ce jour là aussi bien les boches que nous tous le monde étaient sur la plaine à découvert,
occuper à refaire les tranchées à transporter des claies des fassines etc. et aucun ne se tirai de coup de fusil.
Le 11 à 6h retour à Bailleulmont pour 3 jours ; encore obligé de passer sur la plaine. Le 14 à 5h départ pour Berles aux Bois : mais moi aussitôt avoir
mangé la soupe je retourne à Bailleulmont pour partir en permission pour la première fois ; j’ai été prendre le train à la gare de Saulty, départ du train
à minuit ; arrivé à Nalliers le 17 pour 6 jours, seulement j’en ai pris 7 jours ; le 24 à 15h départ de Nalliers arrivé à Saulty le 25 à 23h1/2 : à
Bailleulmont à 1h du matin, j’y ai cantonner le 26 ; le 27 parti aux tranchées de 1ère ligne de Berles rejoindre la compagnie pour 2 jours (bon
retour de permission).
Le 29 retour à Bailleulval pour 3 jours et le 1er janvier 1916 à 5h retour aux tranchées de 2ème ligne de
Bellacourt jusqu’au 4 à 4h1/2 parti en 1ère ligne à Berles aux bois pour 3 jours, le 7 à 6h retour à Bailleulmont pour 3 jours, le 10 reparti en
2e ligne à la côte 147 de Berles encore pour 3 jours, le 13 parti en 1ère ligne pour 3 jours (pas trop gai des victimes) le 16 retour
à Bailleulmont au repos trois jours, le 19 à 5h1/2 parti à Berles-aux-bois encore pour 3 jours, le 22 à 5h1/2 pris la 1ère ligne pour trois
jours, du 25 au 28 à Bailleulmont. Le 28 à h parti en 2ème ligne à Bellacourt, le 31 à 5h parti à la tranchée de 1ère ligne de Berles
jusqu’au 3 février, le 3 à 5h départ pour Bailleulmont pour trois jours, le 6 à 5h parti aux cagnacs de Gastineau jusqu’au 9. Le 9 à 5h pris la 1ère ligne de
Berles et le 10 à 7h du soir nous avons été relevé par les Anglais (et pas faché) nous sommes parti coucher à Bavaincourt arrivé à 11h du soir. Le 11 à 9h du matin nous
avons pris les autos cammions qui nous ont conduit à Lisbour[13], là une partie du régiment y est rester et nous autres nous
avons été cantonner à Prédefin pour le grand repos. Le 12 nous avons encore changé de cantonnement mais dans le même village ; jusqu’au 21 très vilaine période il a fait,
de l’eau tous les jours : pendant ce repos encore un peu d’exercice pour nous distraire, du 22 au 28 il a tombé de la neige en abondance. Le 1er mars à 8h
départ par autos qui nous ont conduit à Fontaines-sur-Maye[14] ; nous y sommes rester deux jours, le 3 parti à pied à
Hautvillers (Somme)[15] couché une nuit ; le 4 mars reprenons les autos pour Vraignes
[16] ; nous y avons couché 4 nuits. Là à Vraignes nous avons mangé des lapins à discrétion, que nous avons
pris dans un bois avec des pelles et bâtons ; le 8 de bon matin en route pour Famechon, le 9 à Courcelles-sur-Maye[17]
toujours dans la (Somme) rester encore qu’un jour ; dans la nuit il a tombé une bonne couche de neige ; le 10 à 10h rassemblement pour aller embarquer à Conty
[18], arrivé à 12h et le train n’a parti qu’à 6h du soir sur la ligne de Beauvais arrivé à Nogent-sur-Seine à 9h du
matin arrêt pour prendre le café ; ensuite passé par Troyes, Joissant[19] le 11, Arcide-sur-Aube
[20], Chaumont, Langres (Marne)[21], Jusset
[22] arrêt pris le café ; Haute Saône enfin arrivé à Voujaucourt[23] à 6h1/2
ou nous avons débarquer pour aller cantonner à Valentiney[24], qui était le 12, à Valentiney nous avons été très bien reçu,
là j’ai couché dans un lit pour la 1ère fois : c’est un pays où il y beaucoup d’usines Peugeot, mais rester qu’un seul jour ; le 13 parti pour Glay à 1
kilomètre de la frontière suisse (Doubs), là nous y sommes rester trois jours pour faire des tranchées, car il y avait des doute sur les boches qu’il ne débouche par la
Suisse.
Le 16 départ pour Audincourt à 5km de Montbéliard là aussi pour y faire des travaux de défense ; car l’on craignait aussi une persée boche par la trouée de
Belfort ; le 17 et 18 au travail, le 19 repos, du 20 au 25 occupé à faire des piquets dans une forêt voisine pour faire des réseaux de fil de fer, le 25
une marche (pour ne pas en perdre l’habitude) le 26 repos, 27, 28, 29 à faire des piquets : nous étions commender par le 6ème génie. Audincourt jolie petite
ville sur le bord du Doubs il y a beaucoup d’usines Peugeot et Japy : c’est là qu’il y a de jolis tissages et filatures.
Le 30 de garde, le 31 vaccination, moi j’ai été 4 jours malade des suites du vaccin, 4, 5 et 6 au bois, le 7 l’ordre de départ arrive, le 8 départ
d’Audincourt pour retourner embarquer à Voujaucourt, arrivé le 9 à 2h du matin ; nous avons embarquer à 5h pour partir qu’à 8h1/4 passé par Montbéliard,
Belfort, Lure à 12h1/2 pris le café, Hauvillers[25], Bain les Bains[26], le
Clairjus[27] arrêt, Nancy et enfin à Frouard à 18h45 là nous avons débarquer pour aller couché à Bézaumont à 17km de Frouard,
nous avons arrivé à 1h1/2 du matin qui était le 10 : Bézaumont se trouve sur un plateau en face le bois le Prêtre[28] ;
tout près de Pont à Mousson, sur le bord de la Moselle.
Le 11 repos, le 12 nous avons été faire des travaux de défense (tranchées et fortins) dans la forêt de Facq [29] tous
près de Mousson, jusqu’au 17 ; le 17 repos ; repris le 18 jusqu’au 21 inclus.
Le 22 de garde jusqu’au 23 qui était le jour de Pâques (encore un bon Pâques pour le deuxième) ; le 24 repos de 25 au 30 au travail : ici nous ne prenons
plus les tranchées ; nous sommes passé compagnir de travailleur ; le 31 repos ; le 1er mai et le 2 encore à la forêt, du 3 au 4 travail de nuit
auprès de Landremont, du 4 au 5 id ; le 6 repos, le 7 dans la forêt, le 8 repos ; du 9 au 12 faire un boyeau à Ste Geneviève et du 12 au 18 dans
la forêt ; seulement que ce même jour l’ordre arrive de déménager et le 19 départ nous avons été prendre les autos à Dieulouard passé par Custine
[30], Nancy (faubourg) enfin elles nous ont conduit à Réméréville (qui se trouve à 15km de Nancy) là nous
avons cantonner dans des baraquements, vu que les maisons ont été en grande partie incendié par les boches au début de la guerre. Le 20 repos, le 21 et 22
au travail dans la forêt de Faux[31] : dans la plaine de Réméréville beaucoup y repose.
Le 23 repos, 24 et 25 repris ou plutôt continuer à faire un boyeau dans la forêt de Faux ; le 26 repos et le 27 à midi je part en permission, fait la route
à pied jusqu’à Nancy arrivé à 4h1/2 et le train ne partai qu’à 7h11 : j’ai eu le temps de casser la croute et de visiter un peu la ville qui est très belle
; mais le plus beau magasin (les magasins réunis) avait été incendié. J’ai surtout remarqué la place St Setanislas qui est splendide ; enfin pris le train
pour la ligne de Dijon, passé par Jusset[32], Seveux, Dijon, Chagny arrêt et changement de train (ligne de
Nevers) passé au Creusot, Nevers, Bourges, Vierzon, Tours, Thouar[33], Niort à 5h du matin, Fontenay à 6h
et enfin arrivé au pays à Nalliers à 7h1/2 qui était le 29 mai pour 6 jours.
Le 5 juin à 15h45 comme la permission était fini en route pour retrouver avec les copains, passé par Fontenay etc…. arrivé à Nancy le 7 à 7h et à 14h à
Réméréville ; le lendemain qui était le 8 il a été fort question de déménager et le 9 à 1h1/2 nous prenons les autos et en route pour Manonviller passé par
Lunéville : Manonviller l’un des premiers fort de France qui c’est rendu sans tirer un coup de canon[34],
le commandant du fort était marié avec une Autrichienne[35] ; d’après les civiles il y avait dans se fort
des vivres pour deux ans, les boches y ont tout enlevé : canons et vivres, fait sauter le fort et ensuite se sont retirer ; là nous avons été faire des
travaux de défense !… mais que de nuit (deux nuits de suite sur trois jours) enfin nous y sommes rester jusqu’au 18, le 18 à 1h du matin départ de
Manonviller pour aller prendre les autos tout près de Lunéville ; à 5h monter en autos qui nous ont conduit à Belleau ensuite fait la route à pied jusqu’à
Lixières arrivé à 10h1/2 du soir ; le 19 et 20 repos.
Lixières est un petit pays tout près de Nomeny sur le bord de la Seille[36].
Le 21 commencer des travaux de nuit et ensuite de jour jusqu’au 30 ; le 1er juillet de garde, le 2 repos, du 3 au 18 au travail (un jour faire
et le lendemain défaire) c’était bien du métier militaire. Enfin le 19 ordre de départ à 1h du matin pour Belleau nous y couchons une nuit ; le 20 encore à
1h du matin départ pour Millery là passé que la journée au soir parti couché à Malleloy ; le 21 à 7h du matin départ pour Pompey arrivé à 10h. Là à Pompey
il y [a] beaucoup de forges que nous avons peu aller visiter, situé sur le bord de la Moselle ; le 22 nous y sommes rester aussi ; le 23 à 4h du matin
départ pour Manoncourt[37], couché ainsi que le 24, le 25 à 17h1/2 départ pour Manonville, le 26 repos, le
27 école du soldat !… Là cela commençait encore à sentir mauvais : c’était les tranchées qui nous attendaient : 28 et 29 exercice, le 30 repos, le 31
exercice, le 1er août aussi, le 2 repos pour aller prendre les tranchées le lendemain ; contre ordre repoussé d’un jour, enfin le 3 à 6h1/2
après avoir mangé la soupe en route pour aller coucher au camp de Monjoie[38] et le 4 à 4h du matin aux
tranchées de 2ème ligne de Limey[39] pour 4 jours, le 8 aulieu de monter en 1ère
ligne malade et rentre à l’infirmerie de Limey pour 4 jours (je commençais à tirer au flanc pour mes dents).
Le 13 sort de l’infirmerie et va rejoindre les camarades au camp de Monjoie ; le 14 à St Jacques [40] pour
8 jours au repos complet.
St Jacques était situé sur un flanc de coteau ou il y avait beaucoup d’arbustes et ce n’était que baraquements dans cette espèce de forêt, le
tout éclairé à l’électricité, le soir cela représentait une petite ville. Le 22 à 2h1/2 départ pour les tranchées de Limey pour 9 jours et 9 jours de 1ère
ligne, en face, le bois de Mormart[41] tout près de Flirey !… Quel mauvais secteur ; si je me suis cru mort une fois c’est
bien là, dans les nuits du 28 au 30, les boches ont déclancher une attaque ; les torpilles et les obus tombaient, enfin je m’en suis tirer encore cette fois ; le 31 la
relève et moi je quittai le régiment et pas fâché ; j’étais désigné pour partir à une nouvelle formation de génie, au nombre de deux par compagnie ; ce même jour je part
couché à Manonville.
Le 1erseptembre à 4h du matin sac au dos et en route pour Toul pour la formation des compagnies M.D. arrivé à Toul à 14h et bien fatigué
; nous avons cantonner à la caserne Botzen[42] jusqu’au 10 septembre. Pendant ces dix jours nous
n’étions pas trop mal et peu de travail ; que la formation des compagnie, moi j’ai été versé à la 18ème compagnie M.D. (Mascard et Déssoliers
[43]) du 6ème génie ; nous avons reçu une partie de notre outillage qui était estimé à 250000F
par compagnie seulement : pendant mon séjour à Toul j’ai peu aller visiter la ville (il y avait plus d’officiers à se promener tous les jours en ville que
dans les tranchées) la cathédrale et les fortifications.
Le 10 septembre à 8h du matin départ de Toul en autos pour retourner dans le secteur de Limey que j’avais pourtant quitté de bon cœur ; enfin arrivé
à St Jacques et débarquer pour y cantonner, mais comme il n’y avait pas de place pour nous, nous avons été cantonner dans la forêt de Monjoie
dans des baraques aussi. Le 11 repos, le 12 nous avons été commencer des abris sur la route de Mamey tout près de St Jacques. Tout les jours
nous venons manger la soupe à Monjoie et y cantonnons jusqu’au 2 octobre.
Chaque section formait une équipe et chaque équipe avait son chantier, il y avait aussi une équipe qui travaillai à St Jacques à nous monter des
baraques ; le 2 octobre nous changeons de cantonnement pour cantonner aux baraques en question tout près du chantier ou nous travaillons.
Vu que nos entrés de sapes étaient faites le 13 octobre nous installons nos appareils M.D. qui fonctionnent à l’électricité ; jusqu’au 7 novembre
toujours le même travail, occuper à faire fonctionner la pelle, pioche, pince, barre à mine, burin, les perforeuses Guya et électrique etc.
Les abris ou sapes que nous faisons sont à une profondeur de 6 à 7 mètres en terre (une fois dedans les boches peuvent tiré) et d’une longueur de 110m ; ce
que nous mettons aussi tous les jours comme bois (planches et cadres).
Le 8 novembre bonne nouvelle : je part en permission pour 6 jours, départ de St Jacques à 3h du soir pour Manonville prendre le taco
jusqu’à Toul ; arrivé à Toul à 9h et reparti à 11h50 passé par Neufchâteau, Is-sur-Tille, timbrage des permissions, ensuite Dijon, Chagny, le
Creusot, Nevers, Bourges, Vierzon, Tours, Thouars, Niort, enfin arrivé à Nalliers le 10 à 3h du soir.
Le 17 il a fallu reprendre la musette et le bidon et à 2h du soir en route pour St Jacques , arrivé au cantonnement à St Jacques à 2h
du soir le 19.
Le 20 au travail à Mamey jusqu’au 3 décembre car il a fallu laisser ce chantier par raport à l’eau. Notre cantonnement est toujours à St
Jacques ; chaque semaine nous avons un jour de repos pour laver notre linge, car là il n’y a aucun civiles pour le faire faire ; et pas toujours chaud à le
faire.
Le 3 décembre je change de chantier, vais au chantier K jusqu’au 12, le 12 vacciner et encore malade. Le 13 je rentre à l’infirmerie suite du vaccin beaucoup de
fièvre, sort de l’infirmerie le 16 et exent de service 4 jours, je reprend mon service le 20 toujours au chantier K jusqu’au 2 janvier 1917 ; le 22 décembre j’ai
failli être tué par une mine, que nous n’avions pas été prévenu à temps, sur quatre que nous étions dans la galerie il y a eu trois blessés.
Le 3 janvier départ de la compagnie pour aller en subsistance à la 17ème pour une huitaine de jours, passé par Noviant
[44], Bernecourt et enfin à Mandre-les 4 tours[45] ou était
cantonner la 17ème M.D.
Là c’était pour faire à peu près le même travail seulement qu’eux la 17ème était plus en retard dans leur travaux que nous la 18ème ;
nous étions une dizaine de la 18 pour leur donné la main pour finir ou presque et ensuite pour partir sur ce bon Verdun ; du temps que j’étais à la 17ème
nous allions travailler dans le bois du Jury[46] (il n’y faisait pas toujours beau n’on plus) les boches y expédiaient
souvent des prunaux.
Le 11 janvier en route de Mandre les 4 tours pour retourner à ma compagnie dans l’échellon était toujours à St Jacques !… mais les copains
étaient parti travailler à Limey ; le 12 au matin je vais les rejoindre et par un temps très froid, car la terre était recouverte d’une bonne couche de
neige, là j’y reste jusqu’au 19 (pendant ce temps ce que nous en avons fait bruler de ses belles planches de chêne et de cadres).
Le 20 il a fallu s’aprêter pour le départ sur Verdun et le 21 à 1h du matin en route prendre le taco à Manoncourt qui nous a conduit à Toul ; à Toul
changé, pris le train direction de Verdun, passé par Bar-le-Duc arrêt, couché la nuit dans le train ; le 22 à 6h du matin ; le train repart. Ce même jour à
4h nous arrivions à Dugny[47] et là nous avons débarquer (Dugny se trouve à 6 ou 7 kilomètres de Verdun) de
la nous avons été couché à Bellerupe[48] deux nuits dans des baraques tout près du fort du même nom.
Toujours par un temps très froid !… ce que nous avons grelotter dans le train, dans des vagons à bestiaux et pas un seul brun de paille.
Le 24 en route pour aller cantonner au ravin de la Valtoline, dans la neige jusqu’au genoux et toujours tombé dans les trous d’obus ; la Valtoline se
trouve entre les casernes Marceau et le fort St Michel[49] ; là ce n’était plus dans des
baraquements qu’il fallait cantonner !… mais dans des sapes dans la terre comme les taupes et les renards ; là j’y ai cantonner jusqu’au 1er
mars et toujours sur de la paille mouiller puisque l’eau y tombai constamment et jamais de feu !… Quel hiver j’ai passé ; j’ai travailler de nuit pendant
trois semaines à Fleury[50], le soir nous partions à 7h jusqu’au lendemain matin 5h ; du cantonnement au
chantier il y avait 4 kilomètres à faire et autant pour le retour ; c’était ce chemin qui était le plus dur à faire, toujours dans la neige et la glace,
dans les trous d’obus, sans compter les marmites que les boches nous expédiaient et souvent les 4 kilomètres étaient vite enjambée.
Dans cette saison c’était aussi la question de lavé sa liquette (ou chemise pour mieux dir) qui était dur nous allions lavé à Verdun dans une caserne
d’artillerie ou il y avait un lavoir !… mais sur la glace. Le 2 mars nous parton en subsistance à la 16ème M.D. qui cantonnait aux carrières
d’Audremont[51] pour une période de 6 jours. Là nous avons été commencer un nouveau chantier au ravin de la
couleuvre[52] !… Quel beau chantier ; avant de le commencer nous avons été obligé d’enterrer des macabés
qui étaient là partout autour de nous ; rester là sur le terrain depuis plusieurs semaines, il mais aussi impossible d’écrire l’aspect du train
[53] des environs de Verdun ; dire que sur le bord de ses plateaux c’était pour la plus grande partie des
forêts et maintenant que l’on y voit pas un seul brun de bois debout, même pas un aussi long que mon bras ; car à présent que la neige est fondue on y voit
que trous d’obus, terre, et pierres même pas un seul brun d’herbe !… mais les fusils cassés, les équipements brisés, les hommes broyés tout cela ne manque
pas et dire que nous avons été près de deux mois que pour faire la soupe et même pour boire nous prenions de cet eau qui était là dans les trous d’obus et
bien obligé puisque nous n’en avions pas d’autre.
Le 8 je retourne à la Valtoline pour partir en permission de détente de 6 jours, seulement j’ai été retardé de 4 jours, pendant ses 4 jours j’ai travaillé
à la Valtoline finir des abris.
Le 12 à 12h1/2 je part de la Valtoline (pour ma perme) pour aller prendre le Meusien à Dugny qui ma conduit à Révigny[54],
départ de Revigny le 13 à 1h30 du matin, passé par Châlons‑sur‑Marne [55], Achère
[56], Chartres, Thouars, Niort, la Rochellle et enfin à Nalliers le 14 à 15h pour 6 jours.
Le 22 comme ma perme était encore terminé avec deux jours de rabiotage il a fallu encore faire son petit paquet et en route pour Verdun, départ de Nalliers
à 9h1/2 du soir par la Roche‑sur‑Yon, là couché dans la gare, le 23 couché à Paris auprès de la gare de l’Est le 24, à Révigny le 25, arrivé à Dugny
le 26 descendu du train ensuite à pince pour la Valtoline ou était le bureau de la compagnir qui était le 26 à 8h du soir couché là et le 27 parti
retrouver les copains aux carrières d’Audremont pour deux jours seulement.
Le 29 retour à la Valtoline pour aller travailler à Fleury tous les jours jusqu’au 16 avril de midi à minuit (moitié jour et moitié nuit) ; c’était des
équiques (sic) de prisonniers boches qui transportaient nos matériaux ; il y en avait souvent quelques un de tués par leur obus !… cela ne les faisaient
pas rire. Le 16 en sortant de la sape j’ai tombé presque asphixié ainsi que deux ou trois camarades ; voilà qui en était la cause d’après le major : comme
il y avait beaucoup de sapes à la Valtoline elles étaient toutes éclairés à l’électricité et le moteur électrogène qui donnait la lumière était auprès de
notre abri et se serait les gaz de se moteur que nous respirions facilement qui aurait arrivé à nous asphixié tout à fait, enfin j’ai été exen de service
deux jours de l’affaire ; le 18 repris le travail jusqu’au 22 ; le 22 reparti aux carrières d’Audremont pour travailler au ravin de la couleuvre jusqu’au 8
mai. Le 8 retour à la Valtoline au repos pour 3 jours pour nous nettoyer, le 12 retour aux carrières jusqu’au 1er juin (tout les trois semaines
nous avions 3 jours de repos qui n’étaient pas volé).
Le 1er juin retour au repos à la Valtoline encore pour 3 jours, remonté aux carrières d’Audremont le 5 juin jusqu’au 27 à 4h en route pour le
repos au faubourg Pavé[57] pour 3 jours et le 30 je part en permission pour 20 jours !… cette fois cela en
valai la peine.
Le 30 à deux heures du soir départ du faubourg Pavé pour Dugny et couché dans le train à Dugny, parti le 1er juillet à 6h1/2 du matin par
Révigny arrivé à 2h du soir, reparti à 19h30 par Challons-sur-Marne Épernay etc. arrivé à Paris à 4h du matin fait une petite promenade dans Paris
de la gare de l’Est jusqu'à l’école militaire, reparti de Paris à 8h par Chartres etc… enfin arrivé à Nalliers le 4 à 9h1/2 du soir.
Le 25 retour pour ce bon Verdun, départ à 2h1/2 du soir : même route arrivé à Dugny le 28 à 10h du matin et enfin au faubourg Pavé à 12h1/2 le 29 repos au
faubourg Pavé et le 30 je part pour Audremont cantonner, le soir même au travail à cette bonne côte du Poivre jusqu’au 12 inclus !… c’est là que nous
étions aussi bien poivrer, surtout des obus à gaz ; le 13 retour au faubourg Pavé et le 14 départ pour bois la Ville[58]
au repos, nous y restons deux jours seulement dans ce bois ; le 16 nous nous allons prendre les autos et en route pour Levoncourt finir notre grand repos à 15km de
St Mihiel, là nous y restons jusqu’au 1erseptembre ce qui nous a fait 15 jours de repos complet, sauf ceux qui voulaient aller aider aux
habitants à ramasser la moisson.
Le 1erseptembre départ de Levoncourt par autos pour retourner encore à Verdun le 2 repos au faubourg Pavé. Le 3 aulieu de monté à la côte
du Poivre je me fait porter malade pour me faire tirer des dents ainsi que le 4, 5 et 6. Le 7 monte à la côte du Poivre et va trouver notre major pour mes
dents car je commencais à en avoir assez de ce Poivre, le 9 le major me fait redescendre pour aller me faire prendre un schéma dentaire, le 10 je va à la
citadelle de Verdun pour la chose en question, le 11 comme j’étais en traitement pour mes dents, l’officier me mit cuisinier des sous-officiers en
attendant ; le 22 octobre départ du faubourg Pavé pour Souilly là nous étions un peu plus éloigné du front nous cantonnons dans des barraquements et
toujours cuistot jusqu’au 31 octobre jour où je part en permission pour 23 jours : arrivé à Nalliers le 3 novembre jusqu’au 27. Le 27 départ
de Nalliers pour Souilly ; arrivé à Souilly le 30 novembre mais la compagnie était encore de retour à Verdun, je chope un auto pour aller à la
rencontre de la compagnie enfin arrivé le 30 au soir au faubourg Pavé.
Le 1erdécembre au travail pour la côte du Poivre par le canal, en péniche jusqu’à Bras ; tout les jours nous partons à midi pour
retourner à minuit, jusqu’au 12 inclus. Le 13 il nous faut faire notre baluchon pour quitter ce Verdun pour de bon cette fois ; nous avons embarquer à
Dugny à 3h pour Baccarat, passé par Nancy, Lunéville enfin arrivé à Baccarat et débarquer pour aller cantonner à Merviller qui était le 15 décembre
à 11h !… Quel froid nous avons eût dans ce train à bestiaux pendant trois jours et toujours avec pas un seul brun de paille !… Tellement nous avons
souffert à ce Verdun et eut de pertes, que tous les hommes de la compagnie ont eût une citation ; dans voici la tradition (sic)
6e génie | Extrait de l’ordre N°6326 « D » du G. Qu. G. | |
Cie M.D.18 |
Le Général en Chef cite à l’ordre de l’armée :
La Compagnie M.D./18
« Unité de travailleurs de tout premier ordre, des plus anciennes classes territoriales. A contribué sans relâche, au cours de l’année 1917, à l’organisation défensive du secteur de la rive droite de la Meuse, et à la préparation de l’offensive du 20 août (côte du Talou et Louvemont). Sous les ordres du Capitaine Condamin, a réussi à produire par des moyens mécaniques, sous les plus violents et continuels bombardements, et au prix de pertes élevées grâce à un dévouement inlassable et à un courage parfait, des résultats dont l’importance a été pour le Commandement d’un précieux concours. »
Pour copie conforme remise | |
au sapeur Gauvin Eugène | Au G. Qu. G., le 31 janvier 1918 |
présent à la Cie M.D. à la date de la citation | Le Général Commandant en Chef |
Le lieutenant Parent, commandant la Cie M.D.18 | signé : Pétain |
signé : Parent |
Moi j’ai rester en Lorraine à l’échellon comme cuistôt là à Merviller jusqu’au 24 janvier 1918, tandis que les autres de la compagnie faisaient toujours
des abris à Montigny, Vacqueville, Péxonne, Réhérey[59], etc.
Le 25 janvier je part pour St Dizier me faire mettre un dentier, le 26 à 9h1/2 arrivé à St Dizier à l’hôpital d’évacuation HOE N°3 ;
qui était installer dans la gare des marchandise, là j’y suis rester jusqu’au 8 février.
Le 27 j’ai été à la stamotologie (sic) qui se trouvait tout près de l’HOE, pour me faire prendre une empreinte au plâtre ; le 29 une deuxième empreinte à
la cite, le 5 février à l’essai de l’appareil, le 7 il me l’on remis et le 9 il a fallu partir !... J’y aurai bien rester plus longtemps à St
Dizier, peu de travail à faire, assez bien nourrit à l’HOE et chacun couchait ou il voulait ; moi j’avais louer une chambre avec un camarade et tout les
soirs il y avait cinéma au camp de la Tambourine. Le 9 j’ai été réquiper tout à neuf aux isolés, parti à 17h par Chaumont ; couché là dans des
baraquements, le 10 à 9h1/2 départ de Chaumont passé par Neufchâteau, Épinal enfin arrivé à Baccarat le 11 à 7h et à Merviller à 12h. Le 12 vu que mon
poste de cuistot était pris : je change de métier ; je passe jardinier jusqu’au 10 mars ; et bien mieux qu’à faire la cuisine bien moins de travail ; ce
qui ne m’empêchai pas de fricoter quand même.
Et le 10 mars je pars en perme pour 10 jours ; ce qui ne ma pas empêcher dans prendre 12.
Arrivé à Nalliers le 12.
Départ de Nalliers le 25 à 14h et arrivé à Merviller le 27 ; continué à faire le jardinier jusqu’au 10 avril ; ensuite fait le service de la gare de
Merviller-Vacqueville à décharger des planches et cadres, aide garde magasin, plusieurs fois j’ai été à Lunéville conduire et ramener des bicyclettes ainsi
qu’à Baccarat.
La ville de Baccarat a beaucoup souffert au début de la guerre, toute la rive gauche de la Meurthe a été écraser par les obus : c’ets là qu’il y a de
grandes fabriques de cristal.
C’est bien du 10 avril au 9 juin que j’ai passé mon meilleur temps pendant la guerre : dans ce secteur sauf nous autres ma compagnie, ce n’était que des
Américains et c’est bien eux qui nous ont fait déménager de là : aussi le 9 nous avons fait notre paquet et ramasser tout notre matériel et en route pour
Château-Thierry, le 9 nous avons couché dans une caserne à Baccarat, le 10 à 12h embarquer, le 11 arrivé à Montmirail à 9h1/2 du matin, moi et 3 autres
camarades nous avons couché à la gare de Montmirail deux nuites à la garde du matériel ; le 13 départ pour la ferme Duchénez à 4 ou 5 kilomètres de
Nogent l’Artaud.
A partir de ce moment nous n’avons plus fait d’abris souterrain ; la guerre de mouvement était commencer ; du 17 au 22 nous avons été faire des piquets
dans un bois sur les bords de la Marne auprès de Nogent l’Artaud, le 22 nous avons été faire une tranchée au dessu du bois, le 23 changé de cantonnement
parti à la Chapelle-Chézy[60]. Le 24 continuation de la tranchée jusqu’au 2 juillet, le 2 nous changeons de
cantonnement pour aller à Chérot[61], nous continuons toujours le même travail jusqu’au 8 !… Mais à ce
moment là les boches avançaient beaucoup et dans la nuit nous autres nous avons reçu l’ordre de partir plus à l’arrière et de suite parti sur Rebais :
marcher toute la nuit[62] avec tous les St frusque sur le dos !… arrivé à Rebais à 4h1/2 du
matin le 9 rester la deux jours : comme l’avance boche était arrêter le 11 nous repartons dans la direction ou nous étions, nous couchons à Villaré, petit
hameau de la commune de Citry sur le bord de la Marne (Seine-et-Marne)[63].
Le 12 en route pour retourner à la Chapelle-Chézy[64] à 8h du soir pour arrivé le 13 à 1h du matin, le 14
nous continuons notre travail jusqu’au 20, le 21 nous allons cantonner à la ferme du Redon près de Courboin [65]
jusqu’au 29 pendant ce temps nous avons fait des travaux de défense ; le 29 au matin départ pour la ferme Lamotte[66]
jusqu’au 6 août : toujours faire des tranchées. Le 6 départ pour Villers-sur-Marne [67] couché une nuit le 7 pour
Essômes-sur-Marne à 2 kilomètres de Château-Thierry.
Là à Essômes j’ai encore changé de métier : nous étions là pour rafistoler les maisons qui n’étaient pas tout à fait détruite par les obus et vu aussi que
les boches reculaient !… j’ai fait le charpentier, couvreur avec des tuilles plates et faute de tuilles avec du papier goudronner : nous y sommes rester
juste un mois jusqu’au 6 septembre : le 6 au matin pris les autos et en route pour Branges[68]
(direction de Soissons) à 16 kilomètres de Fismes : là nous avons encore changé de métier : nous voilà passé cantonnier, les routes étaient dans
très mauvaise état : là à Branges les boches y avaient stationner assez longtemps dans de grandes carrières qui faisaient souterrain ; le 17 septem
bre je part en perme pour 10 jours, j’ai été prendre le train à Oulchy-Breny[69]. Arrivé à Nalliers le 20
et le 1er octobre retour pour Branges, arrivé le 3 pour continuer le même travail jusqu’au 8 octobre.
Ce qu’il y avait à remarquer dans ses environs ; c’est que peu de chose ne traine auprès des cantonnements : les boches avaient fait tout ramasser et
entasser, papier, souliers, bouteilles (vide) feraille de tout espèce jusqu’au cloches des églises, le tout près à embarquer.
Le 9 départ pour Mont-Notre-Dame jusqu’au 15 toujours faire le même travail ; là il y avait une belle église que les boches avant de partir on fait sauter
(et bien).
Le 15 en route pour Maizy-sur-Aisne[70] ; toujours occuper sur les routes !… c’est là que les boches
en avaient fait de ses pièges pour les tanks, et nos cantonnements d’ailleur qui n’était que des caves qu’il y avait de reste et qui étaient rempli de gaz.
Maizy se trouve sur le bord du canal et de l’Aisne, nous y sommes rester que 4 jours jusqu’au 19. Le 19 en route pour Berry-au-Bac !… mais à Berry-au-Bac
que des décombres plus rien, nous avons été cantonner à la ferme du Choléra[71] dans un camp de prisonniers
que les boches avaient fait pour y mettre des notres : là nous y sommes rester jusqu’au 6 novembre : pauvre Berry-au-Bac !… nous avons été enlever le reste
des pierres (les fendations des maisons pour mieux dire) pour refaire les routes, car dans beaucoup d’endroit il n’y a plus de route de reste ni de ponts
le tout détruit par les mines et les obus, il faut refaire d’autres routes et faute de pierres c’est avec des madriers.
C’est là que j’ai vu le plus grand entonnoir, il y en avait un hectare de sauter à la fois, il y a eût trois cent cavaliers (des nôtres) d’englouti du
coup.
Le 6 départ pour Maison rouge, tout près d’Aubigny[72] et de Craonne ; à 15 kilomètres de Laon,
rester là 3 jours seulement ; toujours occuper à refaire les routes et il fallai faire vite pour faire passé le ravitaillement, c’est là que j’ai vu les
premier civiles que les boches avaient lâcher, ils ont mangé la soupe avec nous et bien content d’être sorti d’avec eux ; le 10 nous avons cantonner dans
un camp aux pieds du plateau de Craonne, j’ai été le visiter !… Quel spectacle ce Craonne on y voit que pieds, bras et jambes etc… Le 10 départ et couché à
Sissonne ; là les boches y avaient fait beaucoup de jardinage et n’ont peu tout l’emporter de sorte qu’il y en avait beaucoup de reste et nous avons peu en
profiter aussi.
Le 11 à Sévigny (Ardennes)[73] jour de l’armnistie (sic) ; mais nous n’y croyons peu, rester là deux jours.
Le 13 départ pour Lony les Chaumont[74] jusqu’au 16, le 16 au matin (et pas chaud il faisait) départ pour
Faissault, le 17 marcher toute la journée pour retourner coucher au même point (toujours de bon commandement) alors à Faissault du 18 au 22, là il y
avaient des équipes boches qui travaillaient avec nous à refaire les routes.
Le 22 départ pour Mohon faubourg de Mézières-Charlevilles[75] jusqu’au 15 décembre inclus ; toujours
sur les routes, mais par là bien moins de dégat les boches n’avaient pas eut le temps de les miner ; mais n’avaient pas oublier de faire sauter tout les
ponts, nous allons travailler sur la route de Sedan.
La ville de Mézières a beaucoup souffert le matin de l’armnistie (sic), tandis que Charlevilles n’a presque pas de mal : c’est là que le Comprinz habitait
et pas dans les plus vilaines maisons. Là il y avait un peu de gaité, presque tout les soirs il y avait cinéma et presque toutes les maisons étaient
pavoisés de drapeaux.
Le 16 départ de Mézières nous avons couché à Rimogne : là il y a de grandes fabriques d’ardoises, le 17 à Signy-le-Petit qui se trouve sur le bord de la
frontière de Belgique : où j’y suis rester jusqu’au 28 décembre (jour de départ pour la démobilisation) : là à Signy-le-Petit nous allions
travailler sur la voie du chemin de fer que les boches avaient tout fait sauter, là aussi à la gare ils avaient laissés une grandes quantité de vagons
chargé de munition ; nous cantonnions dans une fabrique de poële, c’est là que les boches réparaient beaucoup de leur pièces de canon, ils avaient fait
sauter toute celles qu’il n’avaient pas emmener avec eux.
Le 27 j’ai versé l’équipement, sac et fusil au bureau de la compagnie !… et de bon cœur ; et le 28 en route pour le camp de Mailly
[76], seulement que jusqu'à Reims il y avait autrement dire pas de train de voyageurs ; chacun partai comme
il pouvait avec de l’eau à volonté ; après avoir fait une dizaine de kilomètres nous rencontrons des autos qui devaient nous conduire jusqu’à Rethel : mais
arrivé à Signy Labbaye[77] elles ont rester là et nous aussi il a fallu y couché, le 29 au matin repris
d’autres autos qui allaient à Rethel, arrivé à Rethel il y avait justement un train de marchandise qui partait pour Reims, nous sautons dedans, arrivé à
Reims pas de train pour le camp de Mailly, couché encore à Reims, le 29 et enfin le 30 en toure et arrive au camp de Mailly ; rester là 3 jours à patiner
dans la boue !… Quel temps long surtout la journée du 1er janvier 1919 ce même jour à 17 heures en route pour Nantes se faire démobiliser à la
caserne Mellinet : arrivé à Nantes le 2 à 10 heures du matin, aussitôt pris le chemin de la caserne ; arrivé là c’était la vrai dèche pour se faire
démobiliser ; il y en avait qui était là depuis huit jours à attendre !… moi et un copain de St Michel aussitôt que nous avons eut reçu ses bon
renseignements nous avons fait demi-tour et à la gare pour prendre un train ; enfin arrivé à Nalliers le 3 à 6h du matin et 5 jours plus tard qui était le
8 janvier j’ai retourner à Nantes, ce jour il y avait moins foule ; j’ai peu me faire démobiliser ce même jour et retourner à mon domicile à Nalliers et
pas fâcher d’être débarasser de ce sal cochon de métier, et des inutils qui pour la plus grande parti vous commande (pour ne pas dire tous).
Après avoir fait 7 années et demi de service militaire j’ai peu raporter le grade de soldat de deuxième classe par protection.
A Nalliers le 23 janvier 1920
J. Gauvin
[1] Il s’agit d’Authieule, dans la Somme
[2] En fait Doullens, dans la Somme
[3] Il s’agit vraisemblablement du faubourg Ronville d’Arras
[4] Ces tranchées semblent être entre Agny et Dainville, mais sans aucune certitude
[5] Bellacourt se trouve sur la commune de Rivière, dans le Pas-de-Calais
[7] Neuville-Saint-Vaast
[8] Il s’agit en fait de Ransart
[9] Berles-au-Bois
[10] En fait Blairville
[11] Bellacourt fait actuellement partie de la commune de Rivière
[12] En fait Bavincourt
[13] En fait Lisbourg
[14] Fontaine-sur-Maye dans la Somme
[15] Hautvillers-Ouville
[16] Il doit s’agir de Vraignes-lès-Hornoy
[17] Il s'agit probablement de Courcelles-sous-Moyencourt
[18] Il s’agit probablement du lieu-dit Conty de la commune de Famechon (où il y a une gare), plutôt que de la commune de Conty située à environ 10km plus à l’est. Le fait qu’ils aient mis 2h pour faire Courcelles-Conty semble confirmer les deux hypothèses ci-dessus
[19] Il pourrait s’agir de Jessains
[20] Il ne peut s’agir que de Arcis-sur-Aube (qui n’est pourtant pas sur la ligne ferroviaire Troyes-Chaumont)
[21] En fait Haute-Marne
[22] En fait Jussey, en Haute-Saône
[23] Voujeaucourt, dans le Doubs
[24] Valentigney
[25] Il ne peut s’agir que de Hautevelle en Haute-Saône
[26] Il s’agit de Bains-les-Bains dans les Vosges
[27] En fait le Clerjus, dans les Vosges
[28] Bois-le-Prêtre se trouve au Nord-Ouest de Pont-à-Mousson, alors que Bézaumont est à 10km au Sud de Pont-à-Mousson et à 15km de la forêt de Bois-le-Prêtre
[29] Forêt située à l’Est de Pont-à-Mousson
[30] En fait Custines
[31] Il s’agit du Bois de Faulx, sur la commune de Sornéville, au Nord-Ouest de Réméréville
[32] En fait Jussey, en Haute-Saône
[33] En fait Thouars
[34] Cette rumeur est infirmée sur le site officiel du fort http://fort.de.manonviller.free.fr selon lequel le fort aurait tiré quelque 1500 obus en 27 jours faisant de gros dégâts dans les troupes allemandes
[35] Cette allégation ne repose sur aucune vérité historique, le lieutenant du génie Camille Vincent-Viry raconte la reddition du fort sur http://www.memorialgenweb.org/html/documents/manonviller.pdf
[36] Aujourd’hui, Lixières a fusionné avec Belleau
[37] Il doit s’agir de Manoncourt-en-Woëvre près de Manonville
[38] Dans le Bois de Monjoie, commune de Lironville
[39] Aujourd’hui fusionnée avec Remenauville pour former la commune de Limey-Remenauville
[40] Cantonnement situé en forêt sur la commune de Limey
[41] En fait Bois de Mort Mare
[42] Bautzen
[43] En fait Mascart et Dessoliers
[44] Noviant-aux-Prés
[45] Il s’agit en fait de Mandres-aux-Quatre-Tours à une dizaine de km de Limey
[46] Le Bois de Jury se trouve sur la commune de Seicheprey au Nord de Mandres-aux-Quatre-Tours
[47] Dugny-sur-Meuse
[48] Belrupt, devenue en 1922 Belrupt-en-Verdunois
[49] Cette précision permet de situer précisément le ravin de la Valtoline, sur la commune de Belleville-sur-Meuse
[50] Il s’agit de Fleury-devant-Douaumont, village entièrement détruit lors de la bataille de Verdun en 1916
[51] Il s’agit d’Haudraumont, sur la commune de Louvemont-Côte-du-Poivre, village détruit également lors de la bataille de Verdun
[52] Le ravin de la Couleuvre est situé sur la commune de Bras-sur-Meuse un peu au Sud d’Haudraumont
[53] Je suppose qu’il a voulu dire « terrain »
[54] Revigny-sur-Ornain
[55] Aujourd’hui Châlons-en-Champagne
[56] Achères
[57] Le Faubourg-Pavé à Verdun abrite aujourd’hui un cimetière militaire
[58] Bois la ville au Sud-Ouest de Verdun
[59] Montigny, Vacqueville, Pexonne, Réherrey en Meurthe-et-Moselle près de Merviller
[60] En fait la Chapelle-sur-Chézy, commune de l’Aisne qui jouxte Nogent-l’Artaud
[61] Chérost est un lieu-dit dépendant de Nogent-l’Artaud, sur la route de la Chapelle-sur-Chézy
[62] Rebais est distante de Chérost d’environ 17km
[63] Villaré est à environ 15km de Rebais
[64] Environ 14km
[65] Le Redon est un lieu-dit de la commune de Courboin
[66] Parmi tous les lieux-dits la Motte, il doit s’agir de la Motte sur la commune de Nesles-la-Montagne à 3km du Redon
[67] Il s’agit de Villiers-Saint-Denis, qui s’appelait Villiers-sur-Marne jusqu’en 1970 (on trouve ce nom orthographié Villers-sur-Marne dans un dictionnaire des communes de l’Aisne de 1837)
[68] Branges est rattachée depuis 1973 à la commune d’Arcy-Sainte-Restitue
[69] La gare devait desservir les communes d’Oulchy-la-Ville et Breny, voire Oulchy-le-Château également
[70] Cette commune s’appelle tout simplement Maizy
[71] Un monument à l'artillerie d’assaut y a été inauguré le 2 juillet 1922
[72] Maison Rouge est un lieu-dit de la commune d’Aubigny-en-Laonnois
[73] Sévigny, lieu-dit de la commune d’Avançon
[74] Logny-lès-Chaumont, commune qui a fusionné en 1974 avec Wadimont pour former la commune de Chaumont-Porcien
[75] Il s’agit de Charleville-Mézières
[76] Le camp de Mailly se trouve sur la commune de Mailly-le-Camp dans l’Aube
[77] Signy-l’Abbaye, à mi-chemin entre Signy-le-Petit et Rethel
Témoignage très intéressant dans lequel s'inscrit le parcours d'un soldat d'Antigny (Ernest Michot), du moins pour la période passée au 84e Régiment Territorial. Par les courriers (cartes postales) envoyées à sa famille, je retrouve les dates, les lieux, les situations... vécus par ces deux soldats.
J'essaie d'écrire en ce moment, l'histoire et le vécu des “Poilus” d'Antigny. Pour se faire , en complément de ce que je connais, des passages de son écrit m'intéresseraient. Pourrais-je les emprunter en citant bien entendu vos sources?
Merci de me répondre quand vous en aurez la possibilité
Louis JAUNET
45 rue de Beaulieu
85120 ANTIGNY
Tél. : 06 78 59 53 42
Email : louis.jaunet@wanadoo.fr
posté le 09/11/2024 à 12h28min17s par Louis JAUNET