Le 5 mars 1778, dans la paroisse Saint Jean-Baptiste de Montaigu, fut baptisée Marie MICHAUD, née le 4 mars de René MICHAUD cordonnier et de Marie BAUDRY son épouse. Elle épousera André CHARRIER, natif de la Dabretière à Beaurepaire et baptisé à Bazoges-en-Paillers le 25 avril 1772. Je n'ai à ce jour pas retrouvé l'acte de mariage d'André et Marie. Rien ne prédisposait ce fils de laboureur à faire carrière dans l'administration, et pourtant on retrouve André instituteur aux Épesses à la naissance de ses deux premiers enfants, Marie Joséphine Émilie, née le 17 septembre 1806, et Louis Armand, né le 12 juin 1809, puis receveur de l'octroi de Fontenay-le-Comte à la naissance de ses trois derniers fils, Gustave Louis André, né le 22 mai 1811, Jean Victor, né le 22 avril 1813, et Alexandre, né le 25 février 1816. La déclaration de mutation d'André (AD85 2Q2971 vue 146/216 déclaration de mutation n°554), décédé le 2 octobre 1816, désigne quatre de ces cinq enfants comme héritiers ; Jean Victor, qui n'apparaît pas dans ce document, est effectivement décédé à Fontenay-le-Comte le 20 mai 1813.
Devenue veuve et étant mère de quatre enfants dont l'aînée a 10 ans, Marie va apprendre le métier de sage-femme et prêtera serment sur les évangiles de remplir droitement
sa tâche
. En effet, seules les sages-femmes ayant prêté serment peuvent se voir attribuer l'adjectif jurée. Elle exercera ainsi la
fonction de sage-femme jurée pendant plus de vingt ans dans la commune de Bourneau. On peut au passage voir sur
le blog de Feuilles d'Ardoise des exemples de serments de sages-femmes à
Villévêque (49) au début du XVIIe siècle, ainsi que quelques liens intéressants pour qui voudrait approfondir sa connaissance de l'histoire du métier de
sage-femme .
Marie décèdera le 12 août 1853 à l'âge de 75 ans chez sa fille Marie Joséphine, institutrice à Foussais, où elle a passé les derniers mois de son existence.
On peut enfin signaler la présence de son fils Gustave Louis André CHARRIER dans le dictionnaire du Clergé Vendéen de l'abbé Louis Delhommeau. Sa fiche biographique nous apprend qu'il a été ordonné prêtre le 28 mai 1836 et qu'il a exercé son ministère en tant que vicaire des Brouzils de juin 1836 à sa mort le 6 mars 1838.
Sage-femme jurée, Marie MICHAUD a probablement mis au monde de nombreux enfants pendant l'exercice de sa fonction à Bourneau. Mais parmi tous ces enfants, ce sont pas moins de trente-sept enfants, tous désignés sur les tables décennales par le mot inconnu en lieu et place du patronyme, qu'elle déclarera elle-même en mairie comme nés de parents inconnus entre 1822 et 1845.
Sur l'extrait des tables décennales ci-dessus, on retrouve 9 de ces enfants : Joséphine, Joseph François, Joseph Pierre, Joseph Pierre (nés à 10 jours d'intervalle, elle leur donne les mêmes prénoms !), Joseph Armand, Louis Armand, Louis, Marie Célestine et Marie Caroline. Voici la transcription de l'acte de naissance de Joseph Pierre, né le 29 décembre 1839, à l'origine de cet article :
[en marge] N° 66Il est probable que Marie se soit rapidement fait une réputation dans la région et que les mères ne voulant pas garder leur enfant soient venues de toute la région de Fontenay-le-Comte, voire au-delà, pour se faire accoucher par une sage-femme qui leur faciliterait l'abandon de leur enfant. Les hospices et leurs tours n'existant pas à la campagne, sans l'intervention d'une sage-femme comme Marie, ces mères-là n'avaient d'autre alternative que d'abandonner leur enfant devant l'église, devant la mairie, dans un jardin, le risque étant alors que leur enfant ne survive pas à un séjour dehors risquant de se prolonger à des températures parfois rudes.
Parmi tous ces enfants mis au monde par Marie, un des actes de naissance est assez insolite ; il s'agit de l'acte de naissance de Jean Baptiste Armand, né le 16 septembre
1831, sur lequel l'officier d'état civil parle d'un enfant du sexe féminin de père et mère inconnus auquel enfant elle a déclaré vouloir donner les prénoms de Jean
Baptiste Armand
. On peut supposer qu'il s'agit d'un lapsus calami de l'officier d'état civil...
Nous terminerons en listant l'ensemble des trente-sept enfants dont seule Marie connaissait l'identité de la mère :